Mercredi à la librairie, Sylvie Neeman
Mercredi à la librairie, Sylvie Neeman et Olivier Tallec
Sarbacane, 2007
C'est une belle histoire que nous conte Sylvie Neeman, très émouvante et tendre. Les illustrations d'Olivier Tallec en font un album précieux que l'on a envie d'avoir chez soi.
Une petite fille amatrice de bandes-dessinées observe un vieux monsieur qui vient à la librairie tous les mercredis. Il s'assoit dans un grand fauteuil et se plonge toujours dans le même livre, une histoire de guerre, celle de la bataille de la Marne. A la fin de la journée, il espère que le livre ne sera pas vendu pour pouvoir continuer sa lecture. Le mercredi suivant, la petite fille l'attend, elle lit deux BD et commence même un roman mais le vieux monsieur ne vient pas. Quand il revient enfin à la libraire, quelques jours avant noël, le livre n'est plus là... et je n'en dis pas plus pour vous laisser la surprise !
J'ai été très sensible à cet album, j'ai aimé la relation ténue, fragile entre ce vieux monsieur et cette petite fille. Tout est suggéré, on entrevoit la peine et la tristesse du vieil homme, on devine ce qu'il a vécu et les souvenirs que cette lecture fait ressurgir. Face à lui, la petite fille incarne avec simplicité et humour la légèreté et l'insouciance de l'enfance. C'est vrai, si ce livre fait pleurer le vieil homme, pourquoi ne lit-il pas des BD qui font rire se demande-t-elle, elle en aurait plusieurs à lui conseiller !
Bien sûr, le travail d'Olivier Tallec est prodigieux. Certaines pages sont tellement évocatrices et chargées d'émotions que l'histoire prend une dimension bien supérieure. Regardez celle-ci :
J'aime aussi beaucoup cette double-page, quand la petite fille est assise toute petite sur sa chaise à attendre le vieil homme face l'imposant fauteuil vide. Elle tient dans ses mains le livre sur la guerre qu'elle trouve bien trop lourd.
Je m'arrête là mais il y a encore tellement de choses à dire et à observer dans cet album tout en opposition. Entre la lenteur des gestes du vieil homme et l'impétueuse vivacité de la fillette, les jeux de clair-obscur des peintures d'Olivier Tallec et puis ce dessin émouvant qui clôt l'album, symbole discret de transmission réussie.
Album lu dans le cadre du challenge Je lis aussi des albums
12/20